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23e                 BÉRENGER DE LA TOUR

«   Grèce, histoire en prose non moins désirée pour son anti-
«   quité de ceux qui en ont veu les fragmens que de moy
«   tenue secrette, attendant le loisir pour vous la faire veoir.
«   Tous lesquels discours sembleroyent estre loings de ma
«   vocation des lois                                          »

   UAmie Rustique, que bien peu de curieux ont pu voir —
c'est le volume le plus rare de Bérenger de la Tour — est
un recueil de cinq églogues. La seconde est un petit chef-
d'œuvre de grâce et de naïveté : c'est un dialogue entre
deux bergers, inspiré sans doute, mais nullement imité, de
l'antiquité. Nous voulons donner ici une idée de la simpli-
cité un peu grossière de ce dialogue :
   Carlin rencontre Guyot tout triste ; pressé de questions,
celui-ci confie à Carlin qu'il aime une jeune fille et qu'il
n'est pas aimé d'elle, c'est là ce qui le tourmente. Guyot
raconte d'une façon charmante le commencement de son
amour pour Andrine, touché de ses larmes aux funérailles
de son père. Un jour, caché derrière un buisson, il la surprit
baignant ses pieds dans une fontaine. Après avoir jeté une
pierre pour la faire mouiller, il sortit tout doucement,
s'approcha d'elle, et fit semblant de la faire tomber dans
l'eau.
    Ecoutons nos deux bergers dans leur dialogue :

                             CARLIN.
               Hé mon Guiot.
                              GUIOT.
                               Hé mon Carlin.
               Ce grand Dieu à tout bien enclin
               Te doint santé.
                             CARLIN.
                               Mais quelle chère
               Despuis que je t'ai veu.