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i86 BÉRENGER DE LA TOUR Dans ses Vers épars, en parlant de sa Toute, Bérenger dit encore : Or va présent, or va à la bonne heure, Chasser l'ardeur du céleste flambeau. Va emparer la face d'Ysabeau Si que la fleur de sa beauté ne meure. Va, et lui sois la nue qui demeure, Maistresse en Faer sur l'enflammé troupeau. Quelle est donc cette jeune fille, la vierge que Bérenger honore sous le nom d'Ysabeau, et qui habite aux bords du fleuve doré, probablement d'une rivière roulant des pail- lettes d'or ? Il est très probable que c'est Marguerite de Marnas, la demoiselle qu'il épousa en 1559, une année après l'apparition de Y Amie des Amies. Par le contrat de mariage que nous avons donné in-extenso, on a vu qu'elle habitait Villeneuve-de-Berg, dont une partie du territoire est baignée par les eaux de la rivière de Claduègne et du ruisseau de Fontaurie. Or, nous lisons à la page T8 des Recherches historiques sur Villeneuve-de-Berg, par l'abbé Mollier, que « dans le siècle dernier on recueillait dans la c Claduègne des paillettes d'or ainsi que dans le ruisseau e « de Fontaurie {Tons auri). » De son côté, le docteur Francus, dans son Voyage au pays Helvien, page -110, dit : « Nous avons lu quelque part « qu'au siècle dernier, on recueillait des paillettes d'or « dans la rivière de Claduègne et dans le ruisseau de « Fontaine (Fons auri). » Dans ces paillettes d'or, nous voyons « les grains d'or « du sablon rayonnant » célébrés par Bérenger de la Tour. D'un autre côté, Marguerite de Marnas portait peut- être aussi le nom de sa mère, Isabel des Alhauds ; de là celui d'Ysabeau donné à l'héroïne de Y Amie des Amies.