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308           LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

renforts qu'il attend. Les nouveaux venus saluent,
échangent des signaux et, envahissant le village de
Saint-Rambert, font main basse sur les barques de
pêcheurs qu'ils détachent rapidement du rivage.
    Une corde solidement attachée aux arbres de l'île et
aux maisons du village permet d'établir un va-et-vient,
pendant qu'une barque plus légère va chercher Blan-
con sur l'autre côté de la Saône. Bientôt les communi-
cations sont établies entre les deux bords de la rivière et
le couvent. Les huguenots se massent dans les jardins au
midi de l'île Barbe. Blancon, après avoir pris toutes les
précautions usitées en temps de guerre, lance ses soldats
contre les remparts qui ne résislent pas. Ce couvent n'a
pas de défenseurs ; les assaillants montent sur le rocher,
au centre de l'île; les portes sont ouvertes, les cloîtres
sont vides, les salles abandonnées ; partout se voient
des traces de pillage et de dévastation.
    Une salle cependant est solidement fermée. Les hugue-
nots l'ouvrent et un spectacle lugubre s'offre devant
leurs yeux.
    Captifs, prisonniers, portant d'outrageuses traces de
violence, les moines pâles, quelques-uns tremblants,
d'autres, malades et couchés sur les dalles prient en
attendant la mort. La faim les aiguillonne, le froid les
perce, la terreur les domine, mais leur sacrifice est fait
et ils courbent la tête, résignés. Blancon les interroge,
ils ont vu le baron des Adrets, dont le nom les terrifie
encore ; ils disent avec effroi ses menaces terrihles,
ses ordres impies et cruels; ils rappellent le pillage
dont ils ont été témoins, les mauvais traitemenls
qu'ils ont subis ; mais depuis qu'ils sont enfermés avec