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                 LA CHAKTREUSE D'ARVIÈUES.                39

fendit à tous ses préposés au péage, ponts et gabelles,
d'exiger aucune redevance des Chartreux et des per-
sonnes attachées à leur service.
   En 1401, 1405, 1428, 1440, 1441, 1444 et 1445,les
ducs de Savoie leur accordèrent encore de-nouveaux pri-
vilèges et confirmèrent les anciens ; ce qu'imitèrent les
ducs Louis, le 27avril 1438, et Amédée IX, le 11 juin 1469.
   En 1483, le duc Charles leur concéda une nouvelle
sauvegarde qu'il étendit, le 16 mars 1486, par lettres
datées de Chambéry, en présence de Gabriel de Seyssel,
baron d'Aix. Voici à quelle occasion :
   Louis de Luyrieux, seigneur de Prangin, qui avait
alors maille à partir avec les Chartreux, résolut de tran-
cher à sa manière tous les différends. Donc, le samedi
21 octobre 1485, vers l'heure de midi, accompagné de
quatre de ses hommes, il chevaucha vers Arvières.
Arrivé au monastère et comme un visiteur de haut
parage habitué de la maison, il s'invita, sans cérémonie
aucune, à dîner en tête-à-tête avec le prieur. Pendant
qu'ils étaient à table, accourut vers eux le domestique qui
les servait, criant que les gens du seigneur de Prangin
poursuivaient, en les rossant, dans les cloîtres et les
cellules, moines et convers. A cette annonce, prévue sans
doute dans le programme de sa petite expédition, Louis
de Luyrieux saisit son hôte par sa capuce, lui renversa
la tête en arrière, et lui plaçant la pointe de son poignard
à la gorge, il lui expliqua le motif de sa visite, en jurant
Dieu etle diable qu'il allait incontinent le tuer. Le prieur,
surpris mais promptement résigné, lui fit observer gra-
cieusement (gratiosè, dit l'enquête) qu'en procédant ainsi,
il agissait fort mal. Touché ou convaincu, Louis de
Luyrieux lâcha la capuce et le prieur s'esquiva, mais pas
assez vite cependant pour éviter, en franchissant la porte,