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76                      BEAUX-ARTS.

venait d'adopter dans une œuvre semblable où chaque
détail doit porter l'empreinte de la noblesse et de la séré-
nité. Ces animaux par le fait sont, pour ainsi dire, effa-
cés de la scène ; ils n'ont plus, comme si on les voyait
sur leurs pieds, une vie réelle, une sphère d'action ; ce
ne sont plus des êtres ayant un rôle effectif dans le poème
représenté par l'ostensoir ; ils sont devenus simplement
quelque chose, une ornementation, une sorte d'escabeau
servant de support à la Vierge-Mère. II. ne nous semble
pas que l'on puisse interpréter autrement la pensée de
l'artiste quia conçu cette belle œuvre et y trouver motif
d'une hardiesse condamnable.
   Le travail de coloration de toute cette pièce est réel-
lement admirable, et indique chez l'artiste exécutant un
 coup-d'œil exercé et un goût des plus sûrs. Quel calme,
en effet, et quelle puissance de tons dans cette Å“uvre
magistrale, où rien ne détonne au milieu de ce riche éta-
lage de pierreries et d'émaux ! Toute la partie inférieure
est dans un ton solide et harmonieux ; c'est sur un émail
d'un vert profond que se détachent en or mat les ramu-
res de feuilles de vigne qui recouvrent la hampe. Puis,
la couleur prend des teintes plus éthérées à mesure
 qu'elle se rapproche du centre de la gloire où réside,
sous les espèces eucharistiques, Celui à qui appartient
l'empyrée.
' Les anges, ou plutôt les têtes de chérubins ailées, qui
forment l'adoration céleste , s'enlèvent sur le fond bleu
azur de lobes aux gracieux contours qui leur servent
d'encadrement. La custode où est renfermée l'incompa-
rable relique, le Corps du Sauyeur, est toute sertie en
brillants d'un effet magique , et brodée d'ornements
émaillés vert céladon. Mais on ne pouvait manquer de
reporter sur la Mère un reflet de la gloire qui environne