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S02            LE PAGE DU BARON DES ADBETS.

leur terreur et fait payer au baron l'audace avec la-
quelle il avait osé attaquer, avec une poignée de soldats,
le riche et puissant monastère ? Avoir des nouvelles de
leur chef et du trésor devint pour les bandits une ardente
préoccupation. L'épée à la main, l'inquiétude dans le
regard, ils s'élancèrent hors du vieux réfectoire.
    Les corridors étaient vides, les cloîtres silencieux.
 Point de moines, point de huguenots; point de camp
 au dehors, mais point de chef. Leur instinct, un vague
 souvenir les conduisit à la cellule qui renfermait le fruit
 du pillage; les sentinelles ne gardaient pas l'entrée, la
 porte était grande ouverte et là, au hasard, sur des
 tables, des bancs, à terre, au milieu, dans les coins de
 la salle, gisaient honteuses, brillaient éperdues les riches-
 ses que la chrétienté avait pendant dès siècles envoyées à
 l'opulente communauté!
   A la vue de tant d'objets précieux livrés au premier
venu, les soldats se ruèrent dans la pièce etfouillant, sai-
sissant, brisant, ils se chargèrent de dépouilles. Les
diamants, les perles, enfouis dans les poches profondes,
les vases sacrés en or, les plats, les reliquaires, pris, tor-
dus, brisés, remplissant les vêtements, les escarcelles,
le double fond des casques et des armets, le monceau
des richesses ne paraissait pas diminué. Chaque bandit
chargé voyait devant lui des objets d'une valeur inouïe;
la cupidité leur avait fait oublier leur chef; la crainte
de ne pouvoir emporter et mettre en sûreté tout cet or,
le leur rappela. Quelques-uns se demandèrent s'il ne fal-
lait pas fouiller l'île et découvrir le général ? La majorité
opina de fuir au plus vite et les pillards se rendirent à
cet avis.