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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 805 n'aurait point vengé les désastres de ces derniers jours. Les estaffettes se croisèrent, les recherches les plus minutieuses furent faites, mais aux premières heures, tous les renseignements furent nuls, Beaumont, téméraire dans le danger, n'avait voulu qu'un petit nombre de soldais pour attaquer l'île Barbe ; il comptait sur la terreur de son nom pour triompher de quelques religieux. Il s'était enveloppé de mystère,' soit qu'il rougît des expériences sacrilèges qu'il comp- tait faire au milieu des lombes, soit qu'il voulût con- naître seul l'importance du trésor des moines dont il voulait s'emparer. Le secret n'avait élé que trop bien gardé. Beaumont, loin de son armée, expirait non comme un lion dans la bataille, mais comme un renard honteusement enfumé au fond d'un terrier tortueux. Cependant un soldat prétendit avoir vu le chef hugue- not se glisser dans une barque qui remontait la Saône. La barque avait été aperçue le long des murs du cou- vent des Céiestins ; signalée au passage si dangereux de laMort-qui-Trompe, elle avait passé devant les senti- nelles de Pierre-Scize et en remontant au nord de Lyon, s'était perdue dans le brouillard. Sur ces faibles indications, Blancon partit avec une poignée de cavaliers à la recherche de la barque aven- tureuse et de ceux qui la montaient. Nul doute, à présent, c'étaient bien les soldats qu'on cherchait, qu'on apercevait groupés à la pointe de l'île; c'était bien la barque du général qui gisait échouée au bord de l'eau, mais où était le chef, la tête, le. comman- dant de l'armée ? Où était le vainqueur de Lyon ? nul ne le savait. Il fallait fouiller l'île pour approfondir ce