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306 LE PAGE DU BARON DES ADRETS. mystère ; il fallait une barque pour pénétrer dans ces cloîtres à qui les deux bras de la Saône servaient de défense et de remparts. Blancon, résolu et prompt à l'exécution, détache des cavaliers qui, rentrant dans la ville, iront passer sur le pont et prendront des renforts à Pierre-Scize ; tous remonteront la Saône par Vaise et, s'emparant des bar- ques du village de Saint-Rambert, pénétreront dans nie et, au besoin, viendront Se chercher lui-même ponr commander l'expédition. Quant à lui, défiant, soupçonneux, il resie à son poste avec le gros de sa troupe. Il surveille avec inquié- tude les manœuvres des soldats qui paraissent impuis- sants à tirer la barque hors de l'eau. Si les travailleurs surmontent les diflicullés de leur tâche, ils viendront le prendre aussitôt; il s'irrite de leurs lenteurs et voudrait au prix de son sang abréger le supplice d'être retenu au rivage, quand là -bas derrière ces murs, son chef et son ami court peut-être un danger. Cependant les soldats de l'île, un moment hésitants, se remettent à l'œuvre avec plus d'activité et d'ardeur. Ils ont vu les cavaliers s'éloigner et ils comprennent leur intention. Deux d'entre eux se dépouillent de leurs vêtements, entrent dans la rivière et dirigent le bateau. Les autres le retiennent avec la chaîne et le font des- cendre vers un terrain plus bas et plus facile. Tous font un effort suprême couronné de succès. La barque, appuyée sur le, rivage est renversée ; soulagée de l'eau qui la remplissait, elle est traînée sur l'herbe, remise à flot, aux cris et aux applaudissements des cavaliers qui les encouragent. Les soldats s'arment de longues