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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 503 La petite troupe descendit le rocher escarpé au som- met duquel s'élevait, comme une citadelle, la partie la plus importante du monastère. Elle se dirigea vers la pointe méridionale de l'île et courut à l'endroit où gisait, à moitié plein d'eau et secoué par les flots, le ba- teau qui l'avait amenée. Une chaîne le retenait au tronc d'un arbre. C'était leur seul moyen de sortir du récif sur lequel ils étaient retenus prisonniers. Réunissant leurs efforts, les huguenots s'efforcèrent de tirer à bord la barque pesante. La Saône moins cour- roucée semblait vouloir peu à peu rentrer dans son lit. De rares paysans apparaissaient de loin en loin sur les deux rives, mais leur méfiance les tenait éloignés et nu! ne paraissait se soucier de prêter main forte aux travail- leurs. Gênés par leurs richesses, les soldats n'avançaient dans leur besogne qu'avec difficulté. Le temps pressait cependant, tous redouiaient une complication, un dan- ger du dedans ou du dehors, du couvent, pillé ou des environs couverts de catholiques. Leur fortune, leur vie peut-être dépendait d'un prompt départ ; il fallait donc au plus tôt tirer la barque sur la terre, la vider, et rem- placer les rames emportées par les eaux, mais la force et les outils leur manquaient, et chaque instant qui fuyait augmentait leurs inquiétudes et leur péril. Pendant qu'au milieu de leurs efforts et de leurs blas- phèmes, les soldats travaillaient à leur délivrance, leur attention fut vivement attirée par une troupe de cava- liers qui remontait rapidement le long des rives de la Saône. Leur œil exercé reconnut les bannières de l'armée huguenote, mais leur conscience était trop peu