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410 LE PAGE DU BARON DES ADRETS. traverser Caluire, et gagner les forêts de la Bombes, où sa trace sera perdue ; il marche rapidement et songe aux périls de sa position, à la route qu'il doit suivre, et à la conduite qu'il doit tenir pour mettre sa fortune et ses jours en sûreté. Mais malgré sa ruse et sa prudence, Polidino ne connaît pas tous les dangers qui planent autour de lui. Raymond et Robert ont vu le choix qu'il a fait dans le trésor ; ils ont deviné la fortune que l'Italien emporte ; ils feignent de se charger de lourds objets, mais dès que l'Italien s'est éloigné, ils le suivent, l'épient, tra- versent la rivière après lui, et devinant ses projets, s'attachent à sa poursuite avec l'intention de le sur- prendre dans quelque lieu écarté et de lui arracher, avec la vie, le fardeau précieux qui doit les enrichir. Tant qu'ils suivront leur proie, la plus étroite amitié les unira. Chacun d'eux, dans le fond de son cœur, compte bien se débarrasser de son compagnon pour être seul maître de la fortune dérobée. L'histoire n'a jamais dit s'ils accomplirent le crime qu'ils méditaient ou si l'Italien vigilant et subtil sut se dérober à l'acharnement des limiers qui le pour- suivaient, Antonin THIVEL. ( A continuer. )