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394 LAMARTINE ET SA FAMILLE. semble avoir apprécié avec beaucoup de justesse l'illustre poète, homme d'Etat, dont le nom est aujourd'hui dans l'éternité. Nous ne pouvons mieux faire que de copier textuel- lement : « On peut dire de toute sa vie ce qu'on disait déjà de tous ses livres, il y a vingt ans : « Ce qui ressort, ce qui est toujours en relief, c'est le poète. » Chez lui, en effet, c'est dans le poète que l'historien, l'orateur, le publi- ciste, le révolutionnaire viennent se confondre. De là sa faiblesse et sa force. Nature chevaleresque, esprit large et élevé, âme honnête, il n'a rien eu des qualités ou des défauts qui font les politiques. Placé entre deux sys- tèmes contraires, tels que la monarchie et la démocratie, l'ordre et la liberté, la religion et la philosophie, l'Eglise et l'Etat (1), il comprenait trop bien et respectait trop l'élé- ment de vérité ou la part de justice qui réside dans cha- cun d'eux, pour poursuivre le triomphe de l'un par l'ex- termination ou l'asservissement de l'autre. Oubliant les faits qui sont les nécessités du présent, pour l'idéal, qui sera peut-être la réalité de l'avenir, il domine de trop haut un débat contradictoire, pour le conduire, et à part ces heures de crise où le courage personnel et le génie exercent une fascination immédiate, son éloquence a eu presque autant d'inutilité que d'éclat. Mais quelles res- sources, pour les créations de l'art, dans cette richesse poétique d'organisation ! En dehors des chefs-d'œuvre qui ont doté la France d'une poésie lyrique nouvelle et d'un genre nouveau d'épopée, il y a, dans les plus impar- (1) Cette opinion des DEUX SYSTÈMES CONTRAIRES, nous paraît quel- que peu paradoxale.