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322 BIBLIOGRAPHIE. 'a vie sans faiblesse, et comme un convive bien appris quitte la salle du festin, avec grâce, le sourire sur les lèvres, en brisant une coupe vide, comme pour dire : Le plaisir épuisé, à quoi bon de "vivre? Nous arrivons à la partie la plus ardue du livre du savant docteur, celle qui a dû lui coûter les plus laborieux efforts ; celle aussi qui, après la peine, a dû lui procurer la satisfaction la plus vive, puisqu'il y a trouvé l'occasion d'éclairer plusieurs points importants et obscurs du Satyricon et d'enrichir la biblio- graphie de documents oubliés ou inconnus jusqu'à lui. Quand on tient compte des citations nombreuses que des auteurs très-divers n'ont cessé de faire de l'œuvre de Pétrone dans les six premiers siècles, on a des motifs de croire qu'elle s'était conservée assez intacte pendant cette longue période. M. Pétrequin attribue le démembrement qui se fit ensuite du Satyricon aux négligences et aux caprices des abréviateurs et des copistes. Il faut croire aussi que Pétrone eut beaucoup à souffrir de l'indifférence et de la maladresse des ignorants, sur- tout des accidents et des hasards qui devaient être si fréquents à une époque de guerre et de ruines. Ce fut pourtant après une guerre, que l'on découvrit dans les bagages tombés au pouvoir de Mathias Corvin, vainqueur des Turcs, le manuscrit dit de Bude qui, avec le manuscrit de Bongars et les fragments déjà connus et imprimés, [servit à Pithou pour son édition de Pétrone de 1587. Nous ne devons pas omettre ici un détail curieux pour l'his- toire de l'Imprimerie. Dès 147S, Jullien de Macho, des Augus- tins de Lyon, faisait imprimer dans cette ville une traduction française de la Matrone d'Ephèse. « Ce fut, dit le malin de Guérie, le premier morceau du Satyricon qu'on ait fait passer dans notre langue et ce fut un moine qui s'en avisa. » Nous devons dire aussi que parmi les cinq ou six éditions connues qui précédè- rent la publication de Pithou, il faut compter avec faveur l'édi- tion de Jean de Tournes, et parmi celles qui suivirent, l'édition de Paul Frellon, éditeur lyonnais comme le précédent. Cette editio variomm qu'on regarde comme enrichie des notes de