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316 BIBLIOGRAPHIE. du Satyrkon était Cassius Rufus, chevalier romain, ami du poète Martial. En fin de compte, c'est à la croyance commune qui s'inspire de Tacite qu'il vaut encore mieux s'en tenir. C'est le sentiment du savant réviseur de la Bibliothèque latine de Fabricius, Ernesti. C'est aussi l'avis de Houet, de Burmann de Daniel, de Wagenseil, de Pierre Petit et avant tout celui de Pithou, le Varron français du rvi e siècle. A. l'appui ',de cette thèse qui est aussi la sienne, M. Pétrequin apporte mieux que des témoignages, aux arguments connus il ajoute des appré- ciations originales, et les preuves nouvelles qu'il puise dans la lecture des auteurs des rve et Ve siècles éclairent singulièrement la question et ne laissent, après lui, plus rien à ajouter. Si nous avons insisté, sans agrément pour le lecteur, surl'énu- mérationbien incomplète de tant d'assertions contradictoires, c'est pour montrer à quel travail de critique s'est condamné M. Pétrequin, soit pour les appuyer, soit pour les combattre, soit enfin pour les concilier; c'est pour montrer, avec ses peines et ses écueils, le mérite et l'honneur de l'entreprise. Ce point'acquis, le débat reprend ailleurs. Quelle signification donner à l'œuvre du poète ? Tacite raconte que Pétrone, accusé par Tigellinus d'avoir pris part à la conspiration de Pison et ayant tout à redouter de Néron, se résolut à quitter la vie. 11 se fit ouvrir, puis fermer puis rouvrir les veines, au gré de sa fantaisie, discourant, dans l'intervalle, de choses futiles avec ses amis et indifférent au renom d'une mort glorieuse. Il raconta dans ces codicilles les débordements du prince sous des noms supposés de débauchés et de femmes perdues, en retraça les monstruosités et envoya les tablettes scellées à Néron. L'écrit dont parle Tacite, est-ce le Satyricon ? Cet ouvrage tel qu'il nous est parvenu est un travail de longue haleine, bien que nous ne possédions qu'une faible partie de ia compo- sition originale ; il est écrit avec un calme d'esprit et une pureté de style qui ne sent ni hâte ni préoccupation, encore moins les défaillances d'une intelligence près de s'éteindre. Il est, d'autre part, mêlé de parties si diverses, d'épisodes si inutiles