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                          LES DU VERNEY.                   307

toujours été plus chrétien que médecin, plus occupé de
son salut que de la santé des autres, plus attaché à la .pra-
tique de sa religion qu'à l'exercice de son art.
    « Mais quoi ! la médecine et la piété sont-elles donc
incompatibles, ou les auroit-il regardées comme telles ?
Non, il scavoit parfaitement que ce sont deux choses très
distinctes, mais très analogues. Rien de plus propre que
la contemplation de la nature à faire admirer le créateur
et c'étoit précisément l'étude approfondie de la médecine
qui avoit amené M. du Verney à la connoissance solide,
à l'amour et au respect de la religion, qui ne peut être
insultée ou méprisée que par des demi-scavans, gens su-
perficiels qui ne s'arrêtent qu'àl'écorce de toutes choses.
    « La pratique de la médecine ne sympathise pas moins
 avec la pratique de la religion que l'étude avec l'étude ; et
la plus grande et la plus essentielle des vertus théologales,
la charité, semble être la vertu propre et caractéristique
du médecin. Ce n'étoit donc ni la piété, ni la paresse qui
 détournoient M. du Verney de l'exercice d'une profession
 si honnête, j'ai pensé dire si sainte; mais c'étoit d'une
 part sa timidité naturelle et une extrême défiance de ses
 propres lumières et d'autre part la faiblesse de sa consti-
 tution et le dérangement de sa santé depuis longtemps
 altérée. Au milieu des douleurs les plus cruelles et les
 plus opiniâtres, sa plus grande peine étoit de ne pouvoir
 servir les pauvres malades étant malade lui-même.
    Digne fils du célèbre anatomiste qui mérita d'être appelé
 le grand du Verney (1 ) il étoit né avec tous les talens
 désirables soit pour l'agréable ou pour l'utile et on peut
 bien juger que son 'éducation n'avoit pas été négligée.
 On prétend qu'il faisoit dans sa première jeunesse des vers


   (1) Aussi médecin de la Faculté- (Note de la Gazette)