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290 LES PREMIÈRES RACES HUMAINES sait déjà le bronze et le fer avant de quitter les plateaux de la Haute-Asie, pour couvrir l'Europe, c'est à dire avant sa dispersion. Telle est l'opinion de MM. Ad. Pictet et Max Muller. Comment concilier cela avec l'arrivée des Celtes dans l'extrême Occident dès l'âge de la pierre polie ? Je crois qu'il n'y a pas là de difficulté sérieuse et que la contradiction est plus apparente que réelle. Sans doute le fait serait inexplicable, si l'émigration Aryenne s'était produite en masse et dans un temps très- court. Mais, comme nous l'avons vu, les choses ne durent point se passer ainsi. C'est lentement et successivement que les rameaux du tronc Japbétique s'en détachèrent et se répandirent sur l'Europe. Les siècles s'écoulaient, les industries et les sociétés se transformaient à mesure que se produisait ce mouvement d'expansion. Les idiomes aussi accomplissaient leur évolution en passant par des phases successives dont les langues actuelles portent l'empreinte, et que la philologie, qui est la paléontologie du langage, nous permet de reconnaître. Chaque forme lin- guistique est un véritable fossile ethnographique, pou- vant servir à caractériser une couche ou une alluvion ethnique. Chaque langue renferme toute une série de ces couches et de ces fossiles qu'on peut arriver à dis- tinguer par une étude patiente. Ce travail d'analyse, appliqué aux langues modernes, est relativement simple parce que les termes de comparaison sont nombreux. Mais à mesure qu'on remonte dans le passé et qu'on se rap- proche des temps préhistoriques, les documents linguisti- ques deviennent plus rares, et, pour continuer ma compa- raison , les langues ne sont plus que des collections de fossiles confondus et mêlés sans étiquettes qu'il devient très-difficile de déterminer. .C'est ainsi que l'analyse nous permet sans trop de peine de remonter la filiation des lan-