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146                        BIBLIOGRAPHIE.

grandes et austères figures, de «gueux sublimes », quand
on peut les peindre d'un trait si juste dans la même page :
                               inflexibles et droits,
       Secouant leurs haillons à la face des rois.
       Sans défense, debout, le regard triste et fier...
       Hâves, maigres, mais pleins de sombre majesté,
       Le geste rare et grand dans son austérité.»
    Il y a des accouplements de mots dont il faut laisser
la responsabilité et l'usage à l'auteur des Misérables.
  , Mais pour ces tacb.es, et pour quelques autres, pour un
clocher « qui s'accoude sur un toit », pour quelques stro-
phes trop poétiques pour être parfaitement intelligibles,
comme dans Y Anniversaire, pour de rares incorrections de
style ou de forme,
        Il en est jusqu'à trois que je pourrais citer,
combien de morceaux irréprochables d'idée, de forme, d'ex-
pression, combien de fragments que l'on croit reconnaître,
et que l'on n'a entendus cependant que dans son cœur et
dans son âme, aux instants courts et fugaces où l'écho de
l'idéal se réveille en nous !
    L'accent vrai de la passion subie et de la douleur souf-
ferte, passe à travers tout ce livre, c'est là ce qui en fait
la force et en assurera le succès. A cet accent qui manque
à tant d'imitateurs des Byron et des Musset, des Chénier
et des Lamartine, rien ne supplée, ni le brillant, ni l'ha-
bile, ni la facilité, ni le talent. Croyez-vous, par exemple,
qu'un artiste en petits vers, un versificateur émérite , ait
pu jamais sentir son âme de rhéteur traversée par un
souffle assez ardent pour écrire des vers comme ceux-ci :
        0 rêves de jeunesse, éblouissants mirages,
        Qui vous arrachera de mon cœur éperdu I
        Qu'étaient donc ma raison, ma forcé, mou courage,
        Qu'ils aient fui pour un mot dans la nuit entendu !