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BIBLIOGRAPHIE. 145 s'épanouit, la plus humaine des passions l'envahit tout entier pour faire bientôt place à l'inquiétude, à l'angoisse, au déchirement, à , l'amertume. Enfin, après le passé envolé, après le présent détruit, vient un avenir idéal; ce sont les Rêves, ce qui aurait dû, ce qui aurait pu être ; morceaux d'élite, empreints d'une grâce naturelle et charmante, plus que d'autres peut- être pénétrés d'un sentiment chrétien, qui, malgré de nombreux passages où se montre la foi de l'auteur, ne nous semble pas assez affirmé dans une œuvre où il eût été si facile de le montrer séchant les larmes et pansant la blessure. A sa place, et à part quelque révolte de l'or- gueil et de la jalousie, une fière résignation, plus stoïque que chrétienne; les vers où elle est exprimée seraient plus sympathiques encore si le sentiment qui les a dictés s'appuyait moins sur la conscience humaine et davantage sur la Croix. J'ai assez de bien à dire du reste pour faire mes ré- serv.es.sur la longue pièce intitulée : Souvenirs d'enfance. C'était une tâche difficile que d'enfiler en un collier solide, brillant et d'un attrait continu dans toutes ses parties les perles nombreuses, inégales d'éclat et de valeur, dont se compose ce morceau. Scènes enfantines, émotions puériles, premières lectures, histoire, poésie, lesHurons, le Nil, les Califes, Ruth, Eschyle, l'Egypte, la Grèce, l'Italie, tout y passe, le vieil Homère aussi. On dirait une imitation des dénombrements fameux de l'immortel aveugle, renou- velés par Victor Hugo, avec un bonheur si osé et si rare qu'il devrait décourager ses plus fervents disciples. Il y a cependant de belles strophes dans les Souvenirs, canevas et introduction du livre, mais à quelle flore étrange appartient la mauve qui parfume les vêtements des lévites d'Israël? Pourquoi traiter les [prophètes, ces 10