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                          BIBLIOGRAPHIE.                          83
le pillage des nids et mille engins toujours tendus vont dé-
peuplant sans merci ni relâche nos vallons, nos coteaux, nos
campagnes, de chœurs harmonieux dont les chansons ne coûtaient
qu'un grain de mil. Bientôt, pour me servir des termes du plus
mélancolique de nos poètes, le bocage et le printemps seront
sans voix.
   Mais toute étude a ses commencements, ses difficultés par
conséquent. L'inexpérimenté, le débutant ne peuvent pas prendre
d'abord un Daubenton, un Buffon, un Cuvier : les deux premiers
sont distancés et pas assez élémentaires ; le second est un guide
pour de très-savants. Linnée, l'Ornithologie de Latham, qui fut
mon initiatrice, le Conspectus du prince Lucien Bonaparte et
nombre d'autres sont en latin ou de trop haute portée pour des
commençants. Il existe bien des ouvrages conçus en vue des
études ornithologiques, mais la plupart, comme la Zoologie de
Milne Edwards, embrassent les deux grandes divisions des ver-
tébrés et des invertébrés ; ce sont des manuels spéciaux, excel-
lents pour le baccalauréat ou pour les classes d'histoire naturelle
de nos établissements d'instruction publique. Un livre était donc
à faire.
   M. Mulsant s'est chargé de cette tâche. Naturaliste en même
temps que littérateur, il pouvait s'en acquitter mieux qu'un
autre. Toutefois, il n'y pensait guère. Un défi lui fut porté de
renouveler à 70 ans pour les oiseaux ce qu'il avait entrepris à
vingt-cinq pour les insectes ; il accepta et se mit à l'œuvre.
   L'ouvrage sorti de cette noble hardiesse est à la fois une mé-
thode sérieuse et un livre agréable. Chacune des lettres qui le
composent s'entremêle de vers d'une tournure aisée et d'une
poésie aimable. Ce genre, mis à la mode au commencement du
siècle, a le mérite, surtout dans un traité d'histoire naturelle,
de reposer l'esprit du lecteur de la continuité des récits et des
descriptions. Chez M. Mulsant, ces descriptions sont ce qu'elles
doivent être, c'est-à-dire courtes, élégantes, bien que substan-
tielles. Des appendices explicatifs y sont joints soit dans le texte,
soit dans les notes ; mais la science n'y a rien d'effrayant : l'au-
teur n'a recueilli dans sa verte érudition que la substance pure