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84 BIBLIOGRAPHIE. et claire de chaque chose. Ainsi, et c'est ce qu'il fallait, rien d'ambitieux dans le style ni dans la terminologie. On croyait que tout avait été dit sur les mœurs, sur les ha- bitudes des oiseaux ; il n'en était rien. M. Mulsant a su être Beuf sans reeourir à la fable ou à la fantaisie. Il est, dans ses pages, tel de ses chers volatiles qui se montre sous un' aspect imprévu. Là , certains de ces petits êtres manifestent un atta- chement, une prévoyance, une sensibilité, un esprit même qui feraient honte à la nature humaine. Que n'a-t-on pas écrit sur l'hi- rondelle ? Poètes et prosateurs ont brodé à l'envi sur ce texte attrayant. La Fontaine en a fait un Ulysse avisé, « une hirondelle, en ses voyages, avait beaucoup appris » ; Beranger et Lamartine un messager plein de zèle. De celui-ci nos jeunes années ont chanté la romance fameuse, sa première œuvre : « Pourquoi me fuir, passagère hirondelle ; » de l'autre, ce « pauvre captif au ri- vage du Maure » , demandant des nouvelles de sa mère aux volages sœurs de Philomèle arrivant de France : L'une de vous peut-être est née Au toit où j'ai reçu le jour ; Là , d'une mère infortunée Vous avez dû plaindre l'amour. Mourante, elle croit à toute heure Entendre Te bruit de mes pas, Elle écoute... puis elle pleure : De son amour ne me parlez-vous pas? Voilà qui est beau ; mais cette beauté, toute d'imagination, est au-dessous de la réalité. Dans les Lettres sur l'ornithologie, l'hirondelle, dépassant les limites de l'invention poétique, se montre douée d'un instinct supérieur à son espèce. Là où la nature créait un miracle d'affection et de reconnaissance, La Fontaine, Beranger, Lamartine, ces grands maîtres, n'ont rêvé que d'une touriste rusée, que d'une messagère alerte. S'il eûteonnu l'hôtesse de nos cheminées telle que M. Mulsant la présente, Descartes eût fait une exception en sa faveur : il lui eût accordé une âme. Eh ! quel chef-d'œuvre bâtirait sur elle l'auteur des Animaux