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BEAUX-ARTS. 73 dessus tout harmonieux, solide, ferme et élégant ? A au- cun de ceux que l'archéologie a numérotés , définis et classés à l'usage de l'art moderne, et qui seront, pendant longtemps encore, ce coup de marteau monotone, du pas- tiche qui tombe à chaque instant sur l'emporte-pièce de- venu le génie créateur à notre époque. Demandez aux princes de la science dans l'art de bien dire, comment s'est transformée notre littérature sous l'influence des auteurs classiques , et peut-être alors pourrez-vous savoir, artistes de notre temps, qui restez rivés à la copie, quelle influence exercerait aussi sur vo- tre art et sur vos facultés conceptives, l'étude profondé- ment méditée des chefs-d'œuvre de l'antiquité et de ses immortels monuments. C'est à cette source éternelle du beau et du vrai en principe d'art que l'auteur de l'ostensoir dont il est ici question a puisé cette vigueur et cette virilité d'inspira- tion qui lui ont permis non de subir le style de telle pé- riode du moyen-âge, mais de les maîtriser tous et d'y apporter, par un savant éclectisme, une beauté de forme et une distinction inconnues à ces styles trop étrangers aux grandes traditions. L'ostensoir de Notre-Dame-de-la-Salette n'est pas go- thique : son ornementation le ferait plutôt ressembler au style roman ramené à une esthétique plus pure et dé- barrassé de cette statuaire primitive et rudimentaire que l'on remarque dans les œuvres originales de cette époque et que l'on a eu le tort immense de rappeler dans les ouvrages modernes. Rien d'étrangement archaïque dans cette remarquable composition. C'est la forme antique subjuguée, ou plu- tôt, c'est l'esprit de la forme antique se pliant aux exi- gences du sentiment chrétien qui se révèle de toutes