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72                      BEAUX-ARTS.

   Calice, ciboire, aiguière, burettes aux formes ravis-
santes et d'un merveilleux travail, tout cela vous fait
rêver de Benvenuto Cellini et vous reporte involontaire-
ment au temps de la Renaissance italienne, alors que flo-
rissaient dans les villes opulentes des anciennes républi-
ques, tous les arts qui contribuèrent tant à en rehausser
l'éclat. Mais l'illusion cesse bientôt lorsqu'on sait que le
plus grand nombre de ces superbes pièces d'orfèvrerie
ont été entreprises, non sur la commande d'un prince
florentin, ou d'un riche armateur vénitien ou génois,
mais seulement par la.foi stoïque du fabricant lui-même
 dans la valeur inestimable de ces compositions. Une
 telle conviction, une telle énergie sont à l'honneur de
M. Armand-Caillat, d'autant plus qu'il lui faut compter
 avec un antagoniste redoutable, le mercantilisme si ha-
 bile à donner le change sur la valeur d'une œuvre d'art
 en présentant ses produits 'exécutés mécaniquement
 comme le résultat d'un travail artistique et consciencieux.
 On ne fait peut-être pas assez attention que la pente
 fatale qui nous pousse à remplacer incessamment la
 main-d'œuvre par des machines, nous habitue au poncif,
qui, ne donnant aucun aliment à l'esprit laisse s'annihiler
les forces vives de l'imagination et tarir la source des
œuvres originales. L'artiste, qui a conçu l'ostensoir de
Notre-Dame-de-la-Salette, a lutté toute sa vie contre
ces tendances funestes pour l'art à notre époque, et
cette œuvre sur laquelle nous allons nous permettre quel-
ques appréciations, a surtout à nos yeux le mérite parti-
culier d'affirmer par son style une étonnante indivi-
dualité.
   A quel type l'auteur s'est-il inspiré dans cette admira-
ble création empreinte d'un art original sans bizarrerie,
calme sans froideur, riche sans superfluité, mais par-