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88 CIVITA-VECCHIA EN 1868. de la foi respectueuse et du recueillement sincère si profondé- ment empreint sur les murs des plus pauvres églises, et sur le frQnt des plus humbles desservants de France ? Ici, rien de semblable : Force visites ^aux églises, force génuflexions, prostrations, signes de croix, baisements et mcâ culpà ... pas de prière vraie. La piélé rampe terre à terre, dans un milieu peuplé de supersti- tions. L'idée chrétienne ne s'élève pas au-dessus de la couronne d'épines du Christ ou de la couronne de roses de la Madone. Ce n'est pas Dieu que l'on adore, ce n'est pas Bfarie que l'on invo- que, — non — c'est cette image de bois ou de marbre — cette statue et nonce qu'elle représente. Il y a autel et autel, comme il y a fagots et fagots ; ici on obtient tout, assure-t-on, et la foule s'y porte; là les vœux n'ont aucun résultat, et le sanctuaire est désert. Est-ce de la dévotion ou de l'idolâtrie? je soumets la question aux personnes compétentes et je reste à la porte du temple comme le publicain. La cathédrale est riche et ne manquerait pas d'élégance, si elle n'était accollée à une grande construction plate et sans style qui est l'évêclié. Une église dite des morts, haute coupole polygo- nale, offre aux amateurs des choses d'outre-tombe une exhibition de crânes, de fémurs et de tibias curieusement agencés. Nous serons un jour ainsi ; je le sais.. .mais nous n'en serons pas plus beaux, et je ne m'explique pas le but moral de ce hideux musée. Visitons le fort Michel-Ange, masse lourde et puissante comme toutes les créations du terrible Bonà roti, la Porta romana, mas- sive; basse, le Corso étroit et encombré, et ce gros trognon de marbre fouillé comme une éponge. J'avais d'abord pris cela pour un chou-fleur antédiluvien ; c'est un chêne sculpté, me dit-on, pièce capitale des armes urbaines. Mon Dieu, je le veux bien, celui qui l'a ainsi taillé devait manger des glands... Pour mémoire, de vastes et belles casernes, dévastes et beaux bâtiments administratifs, et le château des papes avec un beffroi à :cadrans blancs qui se voit de partout. Un coup d'œil sur les places : des troupiers qui flânent, des officiers d'infanterie qui s'ennuient, des officiers de cavalerie qui