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CONCOURS DE POÉSIE. 267 des académiciens facilement doublés de cet uniforme de dessous que tout le monde porte plus ou moins en France, et nos sentiments iraient volontiers a ce que l'on attendrait ainsi de nous, pourvu que ce fût sans renoncer a la foi lit- téraire qui ne doit pas plus être trahie dans les académies que la foi au pays, au souverain et à tout ce qui a besoin d'être respecté. Mais, nous devons confesser ingénuemenl un artifice auquel nous-nous sommes appliqué dans tout le cours de ce rapport, soit par une vue personnelle dont nous ne saurions faire mystère et pour décorer notre travail d'un facile et vif attrait, soit aussi et surtout en vue d'ennoblir le tournoi poétique du concours. Nous avons voulu faire un spicilége brillant, ailleurs que dans une Académie on dirait un bouquet, de toutes les fleurs de poésie que nous pouvions trouver éparses dans les divers lots exposés et nous ne nous défendons pas de les avoir groupées de manière a ce qu'elles pussent le mieux se faire valoir les unes par les autres. Quant au cépage négligé de cette éblouissante floraison, nous ne le montrons pas et nous seuls pouvons savoir, dans le secret de notre huis-clos, s'il y avait là quelque produc- tion poétique d'une perfection suffisante pour faire décerner le prix. ' Que l'on songe, d'ailleurs, qu'il faut toujours tenir les palmes littéraires a une difficile hauteur, dans l'intérêt des lettres qui demandent à être préservées de tout abaissement, et que, devant le public, il y va de la responsabilité sérieuse d'une académie, quand elle couronne. S'il arrivait que, dans un concours de poésie, on pût se montrer quelquefois de meilleure composition et recevoir sa règle de ce vers assez naïf de Boisard, fabuliste peu connu, qui écrivait au dix- septième siècle : « Le rossignol nous manque , eh ! vive ie pinson .' »