page suivante »
GRAVURES DE LA BIBLIOTHÈQUE COSTE. 461 d'une naïveté charmante ; Israël Sylvestre, séduit par la beauté de nos paysages, avait, pendant son séjour à Lyon, représenté notre ville sous tous ses aspects. Cet ensemble forme un recueil précieux. Parmi les œuvres qui méritent une mention particulière et qui sont dignes qu'on s'y arrête, il faut citer en première ligne une- immense gravure, faite de plusieurs feuilles et intitulée : Vue d'une partie de la ville de Lion, dessignée dam la maison de MM. les Chanoines réguliers de Saint-Antoine, par François Cléric, gravée par François de Poilly et dédiée à Monseigneur François de Neuville, duc de Villeroy et premier Maréchal de France, Gouverneur du Roy. Cette planche est tout un poëme; on peut la contempler des heures entières, sans que l'attention se lasse; ce n'est pas seulement le Lyon matériel de pierre et de bois qu'elle reconstruit ; elle fait revivre une civilisation disparue, des grands seigneurs, de fières dames, de gros bourgeois, des mendiants, des soldats, des bateliers, des voyageurs, un peuple surpris au milieu de son travail, et livrant le secret de ses joies et de ses souffrances, de ses habitudes et de ses maux; rien n'y manque, pas même le côté comique ; on voit que le crayon du dessinateur était entre des mains habiles, qu'un œil observateur le guidait sur le papier, et que le souffle qui animait le tout était ce vieil esprit gaulois, si vivace encore en France, qui rit dans les dangers, plaisante au milieu des choses graves, et saisit le burlesque même en face du sublime et du touchant. Au centre de la composition et dans le fond, se dresse sur la. montagne le petit et modeste clocher de Fourvière. Comme de nos jours, il domine le paysage et paraît être le pivot, le milieu autour duquel rayonnent tous les intérêts comme tous les regards; on ne pourrait se figurer Lyon sans Fourvière ; son palladium supprimé, nous ne voyons vraiment pas quelle raison la ville aurait d'exister. Au XVIIIe siccle, le célèbre sanctuaire ne brillait ni par son étendue, ni par l'élégance de son architec- ture. Pour le voyageur indifférent, c'était un petit bâtiment surmonté au couchant d'une flèche aiguë et au levant d'une tour carrée sans majesté, avec un petit toit pointu orné tout simple- - ment d'une girouette. Une terrasse soutenue par deux espèces de