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290               SUR UN TABLEAU ATTRIBUÉ

 de jugement épuré, embarrassé en face de la nécessité de
 combiner des ajustements et retrouvant toute son aisance de-
 vant le nu, absolument insensible surtout à ce sentiment dé-
 licat dont est pétrie l'âme d'André del Sarte, tel nous appa-
 raît l'auteur du tableau du musée de Lyon.
    On pourrait peut-être penser qu'André del Sarle, à l'exem-
ple de beaucoup de peintres, n'eut pas une manière unique;
 que la description que nous avons faite de la sienne ne saurait
s'appliquer à toutes les époques de «a vie. Le fait est vrai dans
une certaine mesure. Les premières fresques d'André del
Sarte, celles du cloître de \Annunziaia, à Florence, ont un
caractère non pas différent précisément de ses oeuvres posté-
rieures, mais d'un autre .ordre, et malgré des imperfections
évidentes, nous n'hésitons pas à trouver les premières plus
belles. Elles ont un sentiment plus simple, moins de recher-
che de la grâce, des plis plus sévères, des ajustements moins
tourmentés, un jet plus beau pour tout dire, et cette fleur de
jeunesse dont le charme se regrette môme en présence de
qualités plus magistrales.
   Les quatre compositions représentant des traits de la vie
de saint Philippe de Néri, sont, sous le rapport du sentiment,
au niveau de tout ce que l'art a produit de plus beau. Nos
lecteurs en ont tous pu juger dans un dessin de feu M. Viberl,
placé récemment au musée de Lyon et qui est la copie de la
fresque représentant la résurrection de deux enfants par l'at-
touchement d'une pièce des habits du saint. Rien ne peut dé-
passer la beauté louchante de cette scène. L'enfant étendu
mort, qui va bientôt revivre, celui qui, déjà réveillé au monde,
paraît sortir comme d'un profond étonnement, sont deux
morceaux achevés. Le spectateur, velu à la florentine et placé
à la droite de la composition, respire un sentiment de tendre
compassion qui fait contraste avec le grand style de la figure
couchée du saint, vers laquelle converge tout le tableau.