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A ANDRÉ DEL SARTE. 295 Mais de tous les tableaux du Sodoma, celui qui, par la couleur et le mode d'exécution, se rapproche du Sacrifice d'Abraham au point de ne pouvoir se méprendre sur la com- munauté d'origine, c'est Y Adoration des mages, à San Agos- lino de Sienne. Ici la peinture a gardé son éclat. Le parti pris du modelé, le choix des tons, tout, jusqu'aux arbres roussis qui s'enlèvent en silhouette sur le ciel, offre la plus frappante analogie d'effet avec le tableau de Lyon. Que si, malgré ces ressemblances qui devront paraître hors de conteste à ceux qui auront vu les œuvres que nous venons d'énumérer, il restait encore quelques doutes sur l'origine de notre tableau, une circonslance particulière viendrait, croyons- nous, fixer l'opinion d'une manière irrécusable. . Derrière le maître-autel du dôme de Pise, à gauche, en regardant l'abside, se trouve, non pas une copie, mais une répétition modifiée du tableau de Lyon. Le tableau de Pise est authentique et sort de la main du Sodoma. Ainsi que nous venons de le dire, le tableau de Pise n'est pas une copie exacte de celui de Lyon, et c'est ce qui nous fait croire, aussi bien que la ressemblance exacte de la touche, que tous deux sont sortis de la main môme du Sodoma. On sait que des répétitions modifiées du môme tableau par le môme auteur sont fréquentes dans l'histoire de la peinture. De nos jours M. Ingres, qui de tous nos peintres moder- nes a le mieux gardé les goûts et les habitudes des maîtres de la Renaissance, a fait plusieurs répétitions de tableaux. Sa Jeanne a"Arc de l'Hôtel-de—Ville d'Orléans est une copie modifiée de celle du Luxembourg. Elle a été faite sous sa direction par un de ses élèves, et retouchée de sa main. La Jeanne d'Arc d'Orléans s'enlève sur un fond noir, tandis que celle du Luxembourg a un fond composé avec des dra- peries rouges. Dans un des tableaux, la ligure est unique ; dans l'autre elle est entourée d'une assistance. Nous n'hési-