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8                      DU SURNATUREL

de nous, est d'une profondeur infinie et a de quoi conduire
toujours de secrets en secrets notre infatigable curiosité.
Progrès, c'est h dire aussi progrès sans limite ; car, s'il
faut renoncer sur beaucoup de points au leurre de ces per-
fectionnements illimités qui nous feraient passer par dessus
les conditions de la nature humaine et nous transformeraient
en des espèces de dieux, créatures imparfaites et bornées
que nous sommes, si cette chimère trop caressée par les
systèmes philosophiques de notre temps ne peut tenir devant
la moindre réflexion, du moins est-ce dans la marche de la
science qu'un progrès sans limite assignable peut et doit se
réaliser. On ne comprendrait pas mieux l'esprit humain qui
ne saurait plus rien découvrir que la nature qui n'aurait
plus rien a lui apprendre. C'est donc un sentiment tout
simple de la mesure de nos forces qui nous invile à croire
au perpétuel progrès de la science. On ne fait qu'assortir
en cela le jugement de la philosophie avec l'oracle de l'Ecri-
ture : Semper augebitur scientia.
   Mais, de ce que la science devra progresser indéfiniment
s'ensuivra-t-il que les investigations des savants pourront
entrer partout et qu'aucun sujet ne leur sera interdit?
   Assurément, la science est au large dès qu'on lui concède
que son droit est de s'étendre sur toute la nature. La nature,
quelle immensité majestueuse et inénarrable ! on ne peut pas
plus dire où elle commence que dire où elle finit. Personne
ne voudrait soutenir qu'une classe quelconque de phéno-
mènes naturels dût rester toujours sans explication et que,
quelque jour, de nouvelles découvertes ne feront pas recon-
naître des lois de la nature qui sont aujourd'hui ignorées.
Mettre dans la nature un lot a part, auquel il serait éter-
nellement défendu a la science de toucher, j'attends pour
mon compte le départiteur hardi et tant soit peu autorisé
qui oserait faire cette réserve.