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2!U BABIL ,.:A),HGRAi'!UQ*J!i. de Filaistre pour la manière de conter ; son talent, quoique in- contes! able, n'clait pas sûr de lui et visait à l'imitation de ces trois illustres prosateurs ; mais plus tard, volant de ses propres ailes, il fui uti-mème; or, il y .1 une coïncidence digne d'obser- \aiion entre cette première écriture indécise, sans caractère propre, et la seconde accentuée, pittoresque cl fortement em- preinte d'originalité. Noire chaud et patriotique historien M. H. Schokke a une écriture cabriolante remplie d'action, de mouvement, dont la pente fort incertaine varie pour le moins à chaque mot, et pour le plus à chaque ligne ; mais un fait curieux à y signaler c'est que presque toutes les lettres se tiennent et semblent enfilées par la liaison comme les grains d'un chapelet ; n'y aurait-il pas là une analogie assez réelle entre l'historien qui remonte des effets aux causes, enchaîne les événements, montre les rapports qui les unissent, et ces caractères tracés par lui et qui paraissent se donner la main. Gall affirmait qu'il connaissait les penchants des hommes aux bosses de leur cerveau ; Lavatcr aux traits et à l'expression habituelle de leur physionomie ; or, je crois qu'on pourrait sou- tenir avec autant de vérité qu'un talent décidé, une passion forte, doivent déteindre, à la longue, sur la plume qui leur sert d'or- gane, et imprimer aux linéaments qu'elle trace un caractère par- ticulier saisissable pour l'observateur. J'ai cherché à faire l'application de ce système dans les r e - marques que je viens de soumettre à mes lecteurs ; mais ils comprendront sans doute que je ne parle point ici de ces scribes pâles et sans inspiration personnelle , qui écrivent pour écrire, comme ils gâcheraient du mortier ou pileraient de la canelle ; de ces gratte-papier, commerçants, faisant des lettres circulaires d'offres de services toujours les mêmes, ou bien tirant, à la filière une écriture penchée outre-mesure pour des copies d'actes payées à tant la page. Non, tous ces gens-là , interprètes des idées d'autrui, n'en ayant point d'autres eux-mêmes que celle de remplir leur tâche, ont en général ce qu'on appelle une belle main ; les copistes, les secrétaires, sont presque tous des maîtres