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144 EXPOSITION DE QUELQUES PEINTRES LYONNAIS. créations, appartenant, quant à la rectitude du dessin, à l'es- prit de l'école de laquelle il est sorti. L'Adieu est, à mon sens, le mieux compris dans sa simplicité biblique. Les poses convul- sives des personnages mis en action dans L'Orgie font elles- mème honneur à M. Janmot. Parmi nos compatriotes les paysagistes, M. Baudit a des tons lumineux dignes d'éloges. Son Soleil couchant sur les bords du lac de Genève reproduit des effets crépusculaires pris dans la nature même. Les flaques d'eau du premier plan sont spi- rituellement comprises, eu égard à l'harmonie des couleurs, qui se combinent entre les ombres et la lumière. Le positivisme du paysage est, là , ce qu'il doit être, ce qu'il a été depuis la réno- vation dont Fiers, Cabat, Jules Duprc, Théodore Rousseau ont été les organes primitifs. Le même mérite se fait remarquer dans Le Débarquement de fourrages aux bords du Rhin. M. Appian m'a paru vrai de couleur dans son Effet du soir aux environs de Crémieux. Sa peinture ne manque ni d'air ni de profondeur. Elle est grasse et bien ordonnée. M. Dubuisson, en revanche, a des tons gris. Il m'a ramené, en pensée, sur le sol natal, à la vue de ses chevaux de hallage traînant une barque chargée, non sur la Seine, comme dit le livret, mais bien sur la Saône, aux abords de Neuville-l'Archevê- que, car les lieux sont suffisamment reconnaissables, et le lourd attelage qui y marche à pas de tortue, est bien de ceux que la concurrence léonine des voies ferrées rend de jour en jour plus impossibles, ce qui n'empêchera pas le tableau de M. Du- buisson d'être aussi une œuvre de progrès et d'intelligence. Depuis l'époque où j'analysais à Lyon les premiers ouvrages de M. Compte-Calix, il a avancé notablement dans la voie de l'art. La jeune Bressane rêveuse près de l'âtre d'une ferme où l'on attise un feu encore en partie caché sous des tourbillons de fumée, a d'autant plus de charmes qu'elle est habilement peinte, et que l'expression de sa tête penchée donnerait à elle seule l'intelligence du proverbe : // n'y a pas de feu sans fumée (dont l'auteur a cru devoir baptiser son tableau), alors même que d'autres accessoires, également intéressants, ne viendraient pas en aide