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£68 PATOIS BRESSAN ET BUGISTE. larde: bientôt plus de chants bressans naturels el primitifs. Origine, — Le patois bressan est un mélange de plusieurs idiômes;on y trouverait avec un peu d'attention lesracinesde plusieurs langages. Le latin y est rare ; l'italien s'y trouve encore: mais ce qui domine ce sont les mots du français go- thique ; puis une foule de locutions du français moderne, patoisées pour les adoucir et les fondre dans l'usage. Le Bressan blesse beaucoup en prononçant certaines syllabes: le je se dit ^e ; le che, rebelle au gosier, se change en she, et pourtant il est des cas où ce che sort net et bien articulé; ainsi il dira en blessant : chacun, soquion; château, sôté; cheval, sevau; chemin, semin; chou, saà ; fâché, faushia; chaise, challe ; celui-ci, chià ; celle-là , saquie ou laquie; faiseur, fachio; perçoire, prechiore; soixante chois- sinta. Comme variante singulière, nous rappellerons les mots clou, flanc, qui tiennent du che et du je, et que nul qu'un natif ne prononcera qu'avec une extrême difficulté : chlieu, chlian; patte, chliappe, et le verbe imagé, chliacô que je n'ai garde d'oublier el qui veut dire : claquer. La langue bressane renferme, en outre, des mots Iypes fort précieux à considérer et qui doivent être une émanation des aborigènes. Ces mois s'en vont; sans traduction, bien des voisins du sol bressan n'y verraient goutte. Citons-en quel- ques-uns. Creteu, vipère; fir, serpent; baragnon, petit fossé; terré, grand fossé; na sa, une haie sèche. Hache, délro ; tarière, breshauda; chicorée amère, crèpeta. Adouvon, douve de fossé; la me, le pétrin ; buya, lessive ; flore, florge fougère ; bure, élable; froumourô, enlever !a litière pourrie ; étarnir, éiendre la litière sous les bêtes; assou, ioge à porcs ; pouyô, monter; s'abadô, se sauver , rippa, Saillis. Il y a aussi des tournures de phrases Irès-imagées et d'une