page suivante »
LA CHOIX DE SAÃNT-JURTIN-LA-SATJVETÉ. 397 Martin méritera encore d'être cité, et surtout visité, pour le mo- nument remarquable qui vient d'être inauguré sur une de ses places publiques. Ce monument est destiné à perpétuer le souvenir d'une mission prêchée, en 1860, par les RR. PP. Maristes, de Riom. Élevé au moyen d'une souscription volontaire qui a atteint un chiffre considérable, il consiste en une croix de pierre de dimensions colossales. Les dessins en sont dus à M. Boisson, l'habile archi- tecte de la ville de Saint-Etienne. M. Channeboux père, sculp- teur à Yolvic, a été chargé de son exécution. Le style général de cette croix rappelle celui du XVe siècle. On sait que la plupart des nombreuses croix de pierre que nous a léguées le moyen-âge, appartiennent à cette époque. Mais les artistes qui les ont élevées ne se sont pas tous placés au même point de vue, et l'on peut rapporter à deux types distincts les conceptions qu'ils ont réalisées. Parmi ces artistes, les uns semblent s'être proposé surtout d'exciter les fidèles à la componction par le spectacle de l'agonie du Christ, attaché sur la croix pour expier nos crimes. Sur le rocher du Golgotha se dresse l'instrument de la passion. Le divin crucifié élève les yeux vers son père pour lui demander le pardon du genre humain ; et s'il ramène vers la terre ses regards où une douleur indicible s'unit à une ineffable tendresse , c'est pour inviter le pécheur à ne pas rendre inutile par son endurcisse- ment un si grand sacrifice. Au pied de la croix, Marie est de- bout, forte dans la résignation, malgré son immense amertume, l'apôtre fidèle est à ses côtés, Madeleine inonde de ses larmes le sol rougi du sang de son Dieu. Les compositions de ce genre sont du domaine de la sculpture plus encore que de celui de l'architecture : ce sont elles qu'on désigne plus communément sous le nom de Calvaires. D'autres artistes ont compris d'une manière différente le sujet qu'ils devaient traiter. Ils sont partis de cette idée que le Christ, une fois mort, est désormais impas- sible. Tout est consommé : l'enfer est vaincu, le mystère de la rédemption est accompli. La tête du Sauveur s'incline sur sa poitrine, ses paupières s'abaissent, son corps fléchit doucement,