page suivante »
ET DU MYSTICISME. 13 physique; » Martinez Pasqualis,héritier des vieux procédés théurgiques de la Kabbale; à sa suite, mais avec de notables différences de doctrine qu'il serait injuste de ne pas men- tionner, le marquis de Saint-Martin, caché sous le nom du philosophe inconnu, auteur d'une secte non encore éteinte et qui eut un large foyer de propagande dans notre ville ; sans parler de tout ce qui, dans, la sphère des convictions religieuses, se répandit encore, a la même époque et vers la fin du siècle, de mysticité déréglée, je devrais dire extra- vagante, parla société des victimes de Mlle Brohon, par celle des fanatiques d'Avignon, à la tête de laquelle était Pernéty, neveu de notre concitoyen, qui a fait le livre des Lyonnais dignes de mémoire, enfin par les auréoles prophétiques des illuminées Labrousse et Catherine Théos. On se ferait diffi- cilement une idée de tout ce qui s'accumulait alors de tendance au merveilleux, de penchant au mystère, de foi aveugle au surnaturel. Un témoignage contemporain de beaucoup de poids nous rapporte ce qui en était de cette France des dernières années du XVIIIe siècle. Mounier, qui avait présidé l'Assemblée constituante et que sa position avait mis à même d'être un excellent observateur, a écrit : « Mille circonstances que j'ai connues par moi-même me « persuadent que si la Révolution n'avait pas interrompu la « direction que la mode avait prise, elle allait devenir très- « favorable aux idées superstitieuses (1). » Heureusement donc est venue la Révolution pour empê- cher le XVIIIe siècle de faire fausse route, et je ne sais si on apprécie suffisamment le rare mérite de notre temps de n'être plus guère dominé que par les tranquilles pouvoirs de la raison qui veillent sur les intérêts de la vie humaine. (1) Mounier : De l'influence attribuée aux philosophes sur. la Révolution française, p. 72.