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120                 TEMPLE DES DRUIDES D'UZÈS.

 la laine rose lice avec du clinquant ou quelque autre objet ana-
 logue , et cela, comme de raison, en cachette du cure. Et si
 nous ne craignions pas de multiplier les citations , nous dirions,
.que dans la paroisse de Sandrans, dans l'Ain, existe encore une
  coutume gauloise que rien n'a pu effacer : lorsqu'un enfant a les
  reins faibles , on suspend une petite chemisette aux branches
  d'un arbre de la forêt ; lorsque l'enfant a les jambes trop débiles
  pour le porter, on y suspend des bas ; pour les maux de tète, un
  bonnet. Enfin tant d'autres actes de cette nature, tels que la cou-
  tume de jeter des épingles dans les fontaines, d'orner de fleurs
  de vieux arbres, superstitions qu'on trouve dans divers pays, et
  qu'il serait trop long de rappeler ici. Au surplus, pour suivre la
  pensée que nous avons exprimée plus haut, disons que si, dans
  l'appréciation des faits historiques , on ne doit admettre que
   ceux qui paraissent vraisemblables, il en est autrement des pra-
  tiques religieuses de certains peuples, chez lesquels souvent les
   croyances sont entourées d'un voile impénétrable qui cache le
   mythe sacré sous des formes que la raison peut trouver au moins
   étranges si elle ne les trouve pas absurdes.
       Enfin, il est encore un autre système contraire à celui que
   nous soutenons, dont nous ne cherchons pas à nier la valeur, et
   qui vient à l'appui des documents que César nous fournit dans
   ses Commentaires. En lisant les auteurs qui parlent des mœurs
   des Celtes, on voit que ces peuples, persuadés qu'aucune limite
   ne pouvait renfermer la divinité, pensaient que ce n'est point
   dans un temple, mais sous la voûte des cieux, dans-la profon-
   deur des forêts qu'on devait l'adorer, prenant, selon l'expression
    d'un célèbre historien i, la nature pour sanctuaire et les vieil-
    lards pour ministres de la religion. Les sacrifices se faisaient la
    nuit à la lumière des étoiles et des brandons, pendant que les
    Bardes célébraient dans leurs chants la puissance des dieux. On
    suppose que ces sacrifices avaient lieu dans les Cronilec'hs, en-
     ceintes circulaires ou elliptiques, formées par des pierres plan-
     tées de distance en distance, sur plusieurs rangs concentriques,

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          Tacite.