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proclame une telle doctrine, et la philosophie, qui enseigne
que la volonté de l'homme s'unit à la volonté de Dieu par
la moralité et la vertu, la différence serait trop faiblement
appréciable pour qu'un certain accord de ces deux grandes
sciences destinées à guider les hommes ne pût encore se
constater : ce qui n'arrive jamais sans laisser au cœur de
ceux qu'anime le zèle pur de la vérité, une joie de sécurité,
pour ainsi dire, qui est le meilleur et le plus exquis de la
connaissance.
   En somme, il faudra tenir pour certain, sous les uniques
réserves de la théologie, que le surnaturel est une sphère
totalement fermée a nos organes, a nos moyens d'expéri-
mentation et de savoir.
   Les approches du moins en ont été défendues négligem-
ment et par une bonté indulgente. Jusqu'à nous en peuvent
arriver les fraîches et enivrantes émanations. Nous en som-
mes moins séparés par la nuit que nous n'y touchons par
la lumière d'une naissante aurore. Comme ce jour qui ne

« tel maître échappe à des yeux plus faibles ; et dans celte périlleuse car-
et ricre du mysticisme, la suspension de l'âme humaine pour laisser place
« à Dieu seul, l'amour contemplatif porté jusqu'à l'extase, sans tomber
n dans le quiétisme, sont pour nous une douleuse énigme. Si la pureté
« même de la foi peut avoir son délire, la sublimité de la source devrait,
« du moins, se reconnaître encore au cours limpide do la pensée. Plus
« l'âme se détache des sens "pour contempler le juste et le beau, plus elle
« mériterait de n'entrevoir que l'image de l'idéal divin. C'est là ce qui
« manque trop à l'amour mystique, par une erreur que ne prévient pas
« même le génie de sainte Thérèse. Souvent elle retombe sous cette loi des
« images sensibles, qu'elle voudrait fuir et dédaigner ; son expression trop
« vive matérialise le type qu'elle adore ; et, sous les noms d'amour et
« d'époux, le charme d'un culle tout spirituel, pour une beauté toute
« céleste, disparaît dans le trouble d'une passion qui semble trop humaine. »

                         (Villemain, Essais sur le génie de Pindare
                                     et la poésie lyrique, p. 503).