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                 CONCOURS DE POÉSIE.                    199

 Et je refoulerai dans le fond de mon âme
 Mon amère pensée et mes rêves de flamme,
 L'amour de mon pays et de son avenir.
 Car, comment parlerais-jc à l'étrange royaume
 Qui n'a pas l'unité même de l'idiome
 Et qu'en deux parts le sol semble aussi désunir ?



En vain, avec le cœur des antiques prophètes,
J'emprunterais leur voix au tonnerre, aux tempêtes,
Pour crier à ce peuple encaissé dans ses monts :
Peuple laborieux , peuple énergique et brave;
Peuple-roi qui jamais ne seras qu'un esclave,
Peuple découronné, sans gloire et sans rayons !


O peuple fier et pauvre entre trois capitales !
Toi qui vas mendier ton pain et tes sandales
Au seuil d'un clranger que ton langage émeut ;
Toi qui n'es point compris dans les douces provinces
Où sont allés régner en conquérants tes princes,
Où c'est le vaincu seul qui peut tout ce qu'il veut ;


Peuple, m'entendras-tu, dis-mai, si je te crie :
Laisse-là ton Piémont, la France est ta patrie,
Superbe nation dont tu n'es qu'un lambeau ;
Elle parle ta langue et comprend les poètes,
Elle seule eut toujours-des lauriers pour tes têtes,
A Paris est la vie, à Turin le tombeau.


Triste bras séparé du magnifique fleuve
Qui féconde en son cours les plaines qu'il abreuve
Et porte sou tribut aux océans lointains,
Tu te dessécheras, sans bruit et sans murmure,
Sans que le jour t'éclairc ou que le ciel l'azuré,
Sans terme utile et noble à tes obscurs destins.


Car il faut, pour qu'un peuple et prospère et sourie,