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i'00                   coscouus DE POÉSIE.
       In langage semblable, une même patrie,
       La sainte égalité des hommes et des droits;
       Que le pouvoir n'ait pas à parler en deux langues,
       Que la chaire, le camp, la tribune aux harangues
       N'aient point à se plier à de contraires lois.


       Aussi, bien que je t'aime, ô ma "chère Savoie,
       Quel que soit le bonheur que le Piémont t'envoie,
       IVaurai-je sur Ion sort que des gémissements,
       Tant qu'on te parlera, dans (a grave nature,
       Une langue peu faite à la sublime allure
       Qu'étouffent de leur voix tes aquilons grondants ;


        Tant que lu n'auras pas, étrange Italienne,
        La France pour patrie ou pour concitoyenne,
        Ses gloires pour tes sœurs, pour frères ses héros ;
        Tant que tu n'auras pas, Piijrnonlaise vassale,
        L'Océan pour confins, Paris pour capitale ,
       Et pour régner au loin ses deux mille vaisseaux,


   Assurément, ces vers, où nous ne faisons que peu de
coupures et où on ne reprendrait que quelques taches très-
légères, ont du nombre, de la douceur attristée et un beau
développement de la période poétique. Le poète commence
bien ; il se met en scène comme enfant de la Savoie, et il y
trouve l'occasion, toujours favorable aux effets dramatiques,
de faire passer sa personnalité, l'intimité de ses sentiments
et de sa passion dans son sujet. Vous êtes sûr d'avoir de-
vant vous le vrai patriotisme savoisien. C'est le passé qui
reparaît un instant, avec ses mélancolies, ses mécontente-
ments et la nuance sardonique qui y était jointe, pour
faire ressortir bientôt le bonheur que trouvera la Savoie
à devenir française. Le thème éloquemment déroulé par le
poète sur la différence des langues exprime le grief national
de la Savoie dans sa formule la plus précise et la plus pro-
fonde ; on y retrouve le motif du courroux patriotique