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                   CHRONIQUE LOCALE.



   Une chaleur étouffante, d'affreux orages, des pluies torrentielles, une
comète égarée dans notre système planétaire et fort en peine pour en
sortir, voilà le bilan du ciel ; un commerce languissant, la disparition
rapide des hommes les plus remarquables de la cité, des accidents, des
éboulements, voilà le bilan de la terre, ou du moins de notre terre, car le
monde, pour nous, ne s'étend pas au-delà de l'horizon. Après MM. Michel,
Chaley, Moiin, d'Aigucpcrse, Gentou, Grilliet aîné, nous avons perdu
M. Dcrozier, curé de Saint-Nizier, et Monseigneur de La Croix d'Azolette,
ancien archevêque d'Auch ; tous deux sont morts le même jour, le jeudi
9 juin ; la ville, en déployant une pompe inaccoutumée à leurs funérailles,
a voulu honorer la réunion des plus hautes vertus, et surtout s'associer à
la douleur des pauvres que leur main généreuse secourait avec un zèle de
tous les instants.
    Mais il en est de nos hommes illustres comme des grands arbres de la
forêt ; ils tombent, d'autres les remplacent, et la forêt n'en est ni moins
belle ni moins touffue ; le clergé, la magistrature, le barreau, la science,
l'industrie, les arts, ont dans notre ville de quoi réparer ces tristes pertes,
et, les plaies du cœur fermées, Lyon saura garder sa place de seconde ville
de l'empire dans les positions où elle ne sera pas la première.
    A propos d'une de nos supériorités qu'on ne nous conteste pas, le Progrès
disait dernièrement, et nous le répétons avec empressement après lui :
    « L'ouverture du palais du commerce aura lieu le 15 août prochain.
Nous présumons qu'elle ne se fera pas sans solennité.
    « Ne conviendrait-il pas, à cette occasion, de former une exposition de
l'industrie lyonnaise, au moins de celle qui a fait la renommée et la pros-
périté de la ville? Nous n'avons jamais eu aucune exposition de ce genre.
Toutes les villes de l'Europe parlent avec éloge, avec enthousiasme de nos
riches étoffes, et nous-mêmes nous ne les connaissons pas.
    « Chaque jour il sort de nos premières maisons des étoffes tissées et
brodées avec luxe et très-souvimt avec goût ; elles sont commandées par
des rois et des princes, par des évoques ou de simples particuliers assez
opulents pour mener train de grands seigneurs. Quelques personnes obtien-
nent seules la faveur de les admirer.
    « Pourquoin'y aurait-il pas un local d'exposition permanente pour toutes
ces belles choses? Chaque fabricant les y soumettrait à l'appréciation du public
et les offrirait comme un modèle ou un sujet d'émulation à ses rivaux. »
   Ajoutons que les étrangers apprendraient à connaître ainsi nos maisons
les plus célèbres, et si à côté des étoffes on admettait d'autres branches de
notre induslrie , l'orfèvrerie , par exemple , les voyageurs emporteraient
une plus haute idée de nos travaux, et, en nous quittant, se préoccupe-
raient moins sans doute de la hauteur de nos maisons et des rigueurs de
noire ciel.
  — La sape du maçon qui détruit tant de précieux souvenirs de notre