Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
540                  DISCOURS DE M. BOUILUER.

pour la septième fois le même sujet. Du jour où ont été brisées,
pour ainsi dire, les portes de tous les établissements d'ins-
truction publique par la liberté donnée à chacun d'en sortir,
quand il lui plaît, pour tenter la chance de l'examen, beaucoup
n'ont plus songé aux prix, aux mentions d'honneur, aux boules
blanches, autrefois l'objet d'une si vive et si féconde émulation,
mais seulement au diplôme et aux moyens d'y arriver par les
chemins les plus courts. En finir six mois, un an plus tôt avec
le travail et avec la discipline, n'importe comment, voila le rêve
d'une partie de la jeunesse. S'imaginent-ils pouvoir atteindre
la limite extrême de notre indulgence, ils courent 'a l'examen,
sans attendre la fin de la logique ou même de la rhétorique.
La session d'avril a été, il est vrai, interdite aux candidats
se présentant pour la première fois, mais le remède est loin
de suffire. On ne peut plus anticiper de quelques mois,
que fait-on? il en est qui*se présentent à la session de
décembre et qui anticipent d'une année.
    Trop souvent, sous le prétexte de gagner du temps, les
jeunes gens réussissent à faire les parents complices de ce
fatal empressement. Hélas ! combien ce temps prétendu
gagné peut coûter cher aux uns et aux autres, combien ne
peut-il pas diminuer ou compromettre l'avenir tout entier !
Et il ne s'agit pas seulement ici, Messieurs, de l'intérêt des
études, maïs d'un intérêt moral, d'un intérêt d'ordre et de disci-
pline. Comment ne pas craindre que ces jeunes gens, éman-
cipés avant le temps, souvent contre le gré des maîtres et
des familles, ne se montrent impatients de toute espèce de
joug, comme de la suite et de la règle des études? (1)
    Mais voici encore un autre mal qui se rattache au premier.
Le programme, et le programme dans son sens le plus litté-
ral et le plus étroit, est devenu la mesure et la borne immobile
des études; demander quelque chose de plus ou autre chose
dans les classes, c'est peine perdue. Malheur à l'auteur grec,
latin ou même français qui n'a pas son numéro et sa boule
 dans l'urne ! Pour les prétendants au baccalauréat, il est
comme s'il n'existait pas. Les versions sont en honneur, on en
 fait jusqu'en logique inclusivement, parce qu'il y a une version
   (1) Sur la désertion des classes de logique; sur l'impossibilité où se trou-
vent les Facultés, même avec un nouveau degré de sévérité, de refuser de
bons élèves de rhétorique, qui ont consacré seulement deux ou trois mois
à la logique et aux mathématiques, sur le rétablissement du certificat
d'études dans des conditions nouvelles en harmonie avec la liberté d'ensei-
gnement, voir mon compte-rendu de l'année dernière Revue du Lyonnais,
décembre 1855.