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                    TROIS MOIS AU-DELA DES ALPES.                  517
    dans son état de demi-abandon regrette le beau siècle
    d'Auguste qui l'a vu naître ; de ce Tibre dont les eaux tourmen-
    tées et jaunies par les terres de ses deux rives glissent hon-
    teusement comme un reptile qui chercherait la fraîcheur et
    le repos ?
       En parcourant toutes ces rues , toutes ces places vides,
    et solitaires , involontairement on se redit à soi-même les
    menaces prophétiques d'isaïe sur Babylone :
       « Elle sera déserte jusqu'à la fin des siècles ; les généra-
    « tions ne la verront pas rétablir. Elle deviendra le repaire des
    « bêtes.... Des hiboux se répondront l'un à l'autre dans les
    « palais, et des reptiles se traîneront dans les édifices
    « consacrés à la volupté.»
       Grâce a Dieu, les menaces de l'Hébreu no se sont pas réali-
    sées pour la ville éternelle ; la croix protège et sanctifie de son
    ombre tutelaire le Forum et le Colysée. Les pas cadencés des
    patrouilles françaises, le bruit mélancolique de la chute des
    fontaines si nombreuses à Rome, la voix grave et périodique
    des heures, trahissent la présence de tout un peuple, seule-
    mentendormi, et proclament d'une voix assez éloquente qu'une
    Providence amie veille encore sur les destinées de la ville
    éternelle si rudement et si fréquemment éprouvée par les
•   tristes vicissitudes du temps et des révolutions.
                                      Eugène   DE LA COTTIÊRE.




        (La suite à un prochain numéro).