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                    M. VICTOR DE LAPRADE.                    501

Les beaux jours, le siècle d'or prophélisés par le poète exci-
teraient notre incrédulité par l'excès des prodiges entrevus,
alors même qu'il n'y aurait pas attaché , comme une ironie
sanglante, ce titre désolant, et dont le souvenir vous glace à
chaque vers : utopie. On ne se sent point assez fixé sur ce
qu'il croit ou ne croit pas, sur ce qu'il espère, ou n'espère
pas. J'aurais voulu que M. de Laprade envisage;!t son sujet
autrement : il fallait, a mon avis, présenter ces découvertes
de la science moderne , trop divinisées par les uns , trop dé-
daignées par les autres, comme des instruments delà Pro-
vidence appropriés aux nécessités des temps. Comment, avec
le seul secours des éléments de travail , employés autrefois,
nourrir, vêtir, transporter ces flots d'une population toujours
croissante? Comment, pour ne parler que d'un spectacle qui
est là, sous nos yeux , comment, sans ces rapides facililés de
locomotion d'une nation à une autre, et'd'un point de la
France à l'autre, suppléer aux insuffisances de récolte qui
nous affligent, résultat de l'intempérie des saisons, aussi bien
que de certains vices d'institution reconnus de tous? Com-
ment, enfin, faire pénétrer à toutes les extrémités du monde
les lumières de la foi et de la civilisation chez tant de peuples
encore infidèles el barbares, et réaliser ce vœu prophétique qui
devra bien s'accomplir un jour, d'un seul troupeau et d'un seul
pasteur? L'antiquité, outre qu'elle était assez accommodante
dans son prosélytisme, outre que le développement commercial
y était relativement médiocre et peu étendu, l'antiquité avait
les esclaves qui étaient des bêles de somme, des machines,
des choses. —Infortunés, soumis à de durs et humiliants la-
beurs que n'eussent point subis les hommes libres ! Au prix
de leurs sueurs el de leur sang, on obtenait tout, depuis les
plus simples nécessités de la vie jusqu'à ces prodigieux tra-
vaux dont les débris nous étonnent encore. Vinl la disette !
Le soin de les nourrir n'était pas de quoi embarrasser beau-