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496                M. VICTOR DE LAPRADE,

  J'hésitais, jn'aceusant d'obéir à l'orgueil.
  Un bras plus fort que moi m'a fait franchir le seuil :
  Alors, pour me donner le courage et l'exemple,
  J'ai gravé votre nom sur la base du temple,
  0 mon père ! Et je veux qu'à son couronnement,
  L'Å“uvre aujourd'hui le porte inscrit plus dignement ;
  Je veux que votre front, dans sa verte vieillesse,
  Soit entouré d'honneur comme il l'est de tendresse.
  Si j'aspirai d'abord, loin du chemin banal,
  A porter haut mon cœur tendu vers l'idéal,
  C'est par votre sang pur de tout levain sordide,
  Par vous, par votre nom dont la vertu me guide.
  Jamais sous votre toit au des'in résigné,
  Jamais un vil calcul ne me fut enseigné ;
  Comme.au temps des aïeux, près du foyer austère,
  J'ai vu briller l'honneur, pénate héréditaire ;
  Je vous ai vu marcher, en quittant mon berceau,
  Vers cette fleur du bien, qui se nomme le beau....
  J'ai pris, à la hauteur où vous l'avez porté,
  Le culte ardent du bien et de la vérité ;
  J'ai vu de quel amour, de quel respect immense
  Vous avez entouré votre noble science ;
  Et, dans l'art que je sers, avec un soin jaloux,
  J'ai gardé la fierté que je tenais de vous.
  Ainsi je veux vous suivre ! Et, sur les mêmes voies,
  Marcher au même but, dans les pleurs ou les joies.
  Egaré dans ce siècle, entre ses dieux croulants,
  Je vais où j'aperçois briller vos cheveux blancs....
  En ce temps chimérique et de foi périssable,
  Heureux le fils qui, las de fonder sur le sable,
  Trouve encor chez les siens un immobile autel,
  Et marche à la clarté de l'honneur paternel !
   Devanl de lels vers exprimant de telles pensées il n'y a
qu'à admirer el applaudir. Pourquoi faut-iï que l'auteur
laisse échapper bientôt après un cri de découragement, vrai-
ment inexplicable? Certes, si, après cette poésie mâle, forti-
fiante, réparatrice, nous n'étions fondé à croire que ces ex-
pressions de défaillance ont glissé sous sa plume en quelque
sorte à son insu , dans le courant de l'expansion poétique , il
faudrait dire que le poète n'esl plus ce penseur inspiré , fait
pour marcher à notre tôle , nous guider, nous raffermir et
nous consoler, mais un peintre broyant indistinctement toutes