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                     ET DES NON MARIÉS.                     393

monté, se combattirent aus dites espées bien gaillard, el
gentement et perfirenl bien leurs coups et davantage , et est
à croire que se mon dit seigneur n'eusl commandé les des-
parlir, qu'ils fussent bien plus avant procédés, et pour cette
fois moyennant le bon et hault vouloir du dit seigneur de
Sainct-Pol, et à la bonne diligence et vaillance de son corps,
l'honneur de l'entreprinse demoura aux seigneurs et dames
mariés, nonobstant que le champion des non mariés fisse
bien son debvoir. »
    « A doncques suyvant le droict du combat, Corsant s'estant
un-petit reposé, s'en fui crier mercy à deux genouils devant
ma très redoublée dame de Savoye, puis fist de môme un ge-
nouil en terre à toultes les auslres dames mariées de son
hostel ; finalement étant retourné devers messyre de Blonnay,
lui demanda en quel lieu estoit pour lors sa noble dame, à
celle fin d'aller par devers elle, payer sa debte et crier mercy
,«elon son debvoir. Lors lui répondit en grande courtoisie :
Loyal et pieux champion, trop ne saurois bonnement vous
dire où est pour le présent ma dame et amie, laquelle ai
laissé en couche d'enfant par delà les monts, pour venir céans,
près la personne de mon très-redoubté seigneur : ores est à
Chablys en mon chastel de Sainct-Pol de Melleria, ores en
mon chastel de Blonnay en Vaulx.
   Â doncques bien que long et dangereulx fust le chemin,
toust incessament Corsant monta sur un bon rouçin, et avec-
ques son escuyer passa à grand presse les monts : el s'en
vint au chastel de Sainct-Pol de Melleria : mais la dame n'y
estoit, de quoi fust moult marri ; soudain monta sur un bas-
teau de pêcheur, et nonobstant que la nuit tomba, se fist
mener devers Vivey : si que le vent estant hault et le lac
mauvais et en tormenle, ne pust gaigner terre à Vivey
qu'avecques l'aubbe ; el bien que las el recreu, monlra droict
au chastel de Blonnay en Vaulx. Or la première personne