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M. JULES JANIN. 313
passions peuvent mettre dans un livre fut mis dans celte Å“u-
vre de la haine : Marie-Joseph Chénier et le prince des cri-
tiques.
On sait ce que valut ce pamphlet à son auteur (1).
De ce procès, il est resté une chose charmante, c'est la
dédicace (2) de Clarisse Harlowe à M. Chaix-d'Est-Ange (3).
On peut la compter parmi les meilleures pages qu'a écrites
M. Janin d'un style sobre et contenu. Peut-être trouverez-
vous que le critique est bien modeste de se rabaisser a la
taille du plus inconnu des poètes de Rome, et bien généreux
de comparer M. Chaix-d'Est-Ange à Cicéron. Mais la forme
est si belle, et puis cette dédicace était le seul témoignage
que l'avocat artiste consentait a accepter de son client.
Donc, malgré les envieux et les insulteurs, et peut-être
plus que ceux-ci ne le voulaient, porté par eux, (tout sert un
homme d'esprit, même ses ennemis) M. Janin s'est trouvé
placé parmi les bons écrivains.
Il est advenu qu'un beau jour cette épithète de prince des
critiques inventée par l'ironie, elle lui a été donnée ou Ã
peu près par les maîtres de l'art. Vous avez déjà vu l'opinion
de M. Sainte-Beuve; combien d'autres, parmi les meilleurs
littérateurs du siècle, n'ont-ils pas dit que le feuilletoniste
des Débats occupe sans conteste le premier rang parmi les
critiques de notre époque? S'il n'est pas le roi, il est bien, Ã
coup sûr, l'un des princes de son art. Qui, plus que M. Janin.
a dans sa manière, avec un sens littéraire exquis, cette va
riété de tons et de modes, et cet entrain, et cette verve?
Chose étrange ! il est votre doyen à tous , Th. Gautier ,
Fiorentino, Jules de Prémaray. Armand de Pontmartin, Paul
(1) M. Félix Pyal tut condamné H six mois d'emprisonnement et 1,000 fiv
d'amende.
(2) T. 1, ]). 226
(3) Avocat de M. Jà ijin dans son procès contre M. Pyat.