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DE GU1CHEN0N. 293 « qu'il ne nous en meschée; sy, moy pardonnez, Monsei- « gneur, de ce que je vous dys el ne l'ayez en desplaisance.— « Et alors le comle Amê lui répondît : Ma Dame et Mamour « je vous say bon gré de voslre bon avisemenl, el ne vous « doublez, car bien brief je l'accompliray à l'ayde et au sér- ie vice de Dieu et du glorieux saint Bernard. — Et des « adonques il mist en conseil où il pourroit fonder le dit rao- « nastère : sy fust ordonné de le fonder en Beugey, sur la « montagne, là où il fonda une abaye belle et sollempne de « l'ordre de saint Bernard, soubz le nom du bon confesseur « Monseigneur saint Sulpice el la dotta el garnist el Tédyfia « moult convenablement el y instiluist abbé et moynes pro- « dômes à la louange de Noslre Seigneur qui lignée ly avoit « donnée, car qui voudroyt escripre tous les biens quil y fiel, « la chose seroit moull longue à escripre. » Quandon voitavec quelle aveugle témérité on achève de nos joursde détruire ce qui reste de ces vénérables moriumenisde la foi el de la piété de nos ancêtres, on ne peut lire sans douleur dans les chartes de fondations les lermes el les formules em- ployés par les donateurs pour prévenir et conjurer ce lamenta ble yandalisme. C'est ainsi que le comte Amé III, le héros de la gracieuse légende que nous venons de reproduire , dans la charte de concession qu'il fil à l'abbé et aux moines de Saint- Sulpice, après avoir exposé le motif de ses libéralités, et énu- méré les divers territoires dont se compose sa donation, ajoute les paroles mémorables qui suivent; Obsecro igitur, ut qui- cumque hanc chartam lecluri sunl, meminerint anima1 meœ, ut hanc noslram volunlatem studeant firmiter observare ; quoniam grave sacrilcgium est oblaiiones fidelium aiienis •usibus applicare. Si quis vero noslrœ donationis formulât». temerè calumniari presumpserit lotius possessioms noslrœ et hœredù bénéficia careat. Précautions hélas bien inutiles dans un siècle où le doute et l'hérésie on! desséché les sentiments