page suivante »
NÉCROLOGIE. 257 surtout la consolation suprême des esprits élevés et de nobles eœurs, car elle grandit les intelligences et féconde les vertus. Elle est toute vérité et amour. A ce double titre, ses sublimes secours ne pouvaient manquer à M. Me- noux. Une vie si bienfaisante et si honorée parmi les hommes devait se cou- ronner dignement devant Dieu. Le parfum de quatre-vingts ans de vertus, la grande voix de l'aumône, les prières de la reconnaissance publique mon- tent toujours jusqu'au trône élernel. Toutes les grâces consolatrices en sont descendues , et cette belle âme , fortifiée par tous les trésors de l'Eglise, a élevé nvee confiance \ ers son créateur son aspiration dernière. Adieu, vénérable confrère, votre bienveillance avait accueilli ma jeunesse au sein de ce barreau que votre maturité illustrait déjà depuis tant d'an- nées. Votre amitié m'ctait restée fidèle à travers toutes les vicissitudes, et le jour où ma retraite précéda la vôtre, votre dévoûment sembla redoubler avec cet empressement délicat qui n'appartient qu'aux âmes d'élite. Les heures de ces intimes épanchements compteront parmi les plus douces de ces dernières années ; nos liens s'étaient formés aux barreau, les lettres vinrent les resserrer et les rajeunir : fallait-il qu'ils fussent brisés sitôt, et que cette présidence académique, où votre suffrage même m'avait appelé à vous succéder, m'imposât le douloureux devoir de ce funèbre moment ! Recevez donc d'une voix qui vous fut chère ce suprême adieu , ou plutôt celte suprême espérance de vous revoir un jour dans le sein de cette bonté infinie où toutes les nobles amitiés, immortalisées par la foi, vivifiées par la charité, se donnent un céleste rendez-vous. Puissions-nous nous y présenter comme vous, avec un cœur aussi droit, une vie aussi pure, des mains aussi pleines de bonnes actions et de géné- reux services. En attendant, que la mémoire de vos vertus demeure pour l'exemple des générations nouvelles , et que votre mort enseigne notre vie. Nous terminerons par les quelques mots prononcés par M. Fraisse, au nom de la Société littéraire dont il est le secré- taire perpétuel. S'il était toujours vrai que les grandes douleurs sont muettes, la Société littéraire garderait le silence au bord de cette tombe, car elle a perdu celui que chacun de ses membres respectait comme un père, chérissait comme un ami, celui que, par une illusion filiale, elle croyait ne voir ja- mais mourir. 17