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LE PAUX LIGNON. 245 arriva un événement qui nous fit oublier notre projet et nous fit même repentir pendant quelques instants de la curiosité qui nous avait attiré dans ce lieu. Nous avions voulu voir par nous-même la rivière qui porle un si grave préjudice moral au véritable Lignon, et nous faillîmes y trouver la mort. C'était le 8 octobre 1853; nous nous trouvions dans la diligence du Puy à Saint-Etienne. Arrivés sur le petit pont qui est au bas du château du Lignon, et près du confluent de la rivière du même nom et de la Loire, un des chevaux fit un faux pas, et fut culbuté de l'autre côté du parapet. Pendant un moment, qui nous parut long comme un siècle, la pauvre bêle se trouva suspendue dans l'espace, retenue par les liens» qui l'attachaient à la voilure quelle menaçait d'enlraîner dans le précipice.... Nous respirions a peine, n'osant descendre de la voilure, à cause de l'étroilesse du pont, lorsque le conduc- teur et le postillon se précipitèrent vers la bêle, armés de leurs couteaux , et coupèrent les harnais. Le malheureux cheval alla se briser au fond du ravin, et grâce à ce sacrifice nous fûmes sauvés. Nous descendîmes immédiatement de voilure, et fout en gravissant la côte qui, de l'aulre côte du pont, conduit à Monislrol, nous pûmes, encore tout émus, juger du danger que nous venions de courir. Auguste BERNARD,