Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
234          ÉTUDES SUR L'HISTOIRE DU DAUPHINÉ.

sanls , engagés plus ou moins dans leurs intérêts et toujours
prêts à les défendre el à les appuyer de leur crédit. Un gou-
verneur partait-il de la ville , ces protecteurs lui remet-
taient , pour nous servir d'une expression de Cicéron lui-
même , la liste de leurs commissions el Je leurs recomman-
dations qu'ils avaient eu soin d'ailleurs de faire soutenir par
des amis communs (1). Ce n'était rien encore , des lettres
pressantes rappelaient en termes quelquefois rudes et arro-
gants (2) leurs promesses aux gouverneurs oublieux ou trop
intègres. Les Préteurs arrivaient ainsi tout disposés à servir les
intérêts des négociants : alors on voyait d'étranges conni-
vences et l'autorité publique descendait îi des iniquités sans
nom. Dans l'île de Chypre , un certain Scaptius, commandité
et protégé par l'austère et vertueux Brutus, ne pouvant se
faire paytr par la cité de Salamine, demande au proconsul
Appius le litre de préfet avec des cavaliers et va mettre le
siège devant le palais du sénat ; cinq sénateurs meurent de
faim, avant que leur créancier, devenu pour un jour magis-
tral, consente à lever ce rigoureux blocus el à donner un
délai à ses débiteurs (3). S'il arrivait que des gouverneurs ,
moins dociles aux recommandations de leurs amis et aux
ordres des puissances du jour fissent des édils en faveur des
provinciaux el limitassent le taux des intérêts el les droits des
créanciers, ceux-ci ne perdaient pas courage et leurs pro-
tecteurs de Rome obtenaient un sénalus consulte en leur
laveur (4). Heureux le consul ou le préteur qui n'était pas
rappelé, comme le fut Lucullus, pour avoir préféré l'amour
des Asiatiques el les lois de l'équité aux intérêts des publi-
cains el des négociants romains. On comprend maintenant

  (i) Mandatorum libellum , Cic. AU. vu.
  (2) Conlumaeik'i', arrogaiiler. Ib.
  (3) Ib.