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PLATON ET SAINT AUGUSTIN. 20λ Ainsi saint Augustin retrouve-t-il dans Platon tous les principes fondamentaux de la morale comme ceux de la métaphysique. Citons la conclusion dernière que tire M. Saisset de tous ces grands rapprochements : « L'idée que saint Augustin et le chris- tianisme se forment de l'ensemble des choses est celle d'un ordre moral qui domine tout et dont Dieu est le principe; le monde ma- tériel a été créé en vue du monde spirituel, et le monde spirituel n'existe que pour faire triompher la justice sur l'injustice, l'ordre sur le désordre, le bien sur le mal. Cette pensée de l'ordre moral conçue comme l'ordre supérieur de toutes choses, est le prin- cipe commun du christianisme et de la philosophie de Platon. Voilà ce qui faisait dire à saint. Augustin que si Platon et ses amis revenaient au monde, ils n'auraient à changer que bien peu de chose à leur doctrine pour être chrétiens. Et en effet sur ces hautes cimes de la métaphysique et de la morale, les différences s'évanouissent; tout s'accorde, tout s'unit. » Voilà assurément une belle et forte démonstration du platonis- me de saint Augustin et de l'accord sur les point fondamentaux de la philosophie de Platon avec le christianisme. M. Saisset a » donc été encore en droit de dire, ce qui résume si bien tout son travail et toute sa pensée : c'est la philosophie de Platon qui avait conduit saint Augustin jusque sur le seuil du temple ; à son tour, il l'entraîna jusqu'au plus profond du sanctuaire, et devenu chrétien, prêtre et évèque, il resta platonicien. Mais saint Augustin, sur la fin de sa vie, ne s'est-il par repenti de son ancien platonisme? M. Saisset n'a-t-il pas oublié détenir compte des Rétractations'? Il n'en parle pas, il est vrai ; mais il a raison de n'en pas parler. S. Augustin en effet, a désavoué dans ses Rétractations quelques expressions exagérées, il a signalé quelques passages inexacts ou erronés dans ses premiers ouvrages; mais nulle part assurément il n'a désavoué ce fond platonicien si bien mis en lumière par M. Saisset, car c'est le fond même de sa philosophie et de sa théologie. Supposez, par impossible, que ce fond platonicien soit retranché de l'œuvre entière de saint Augustin, et saint Augus- tin ne sera plus saint Augustin. Otez la philosophie delà Cité de Dieu,trop souvent il ne restera que des dissertations puériles et 14