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204 PLATON ET SAINT AUGUSTIN. dans ses grands dialogues dogmatiques, dans les grandes lignes de son système,mais aussi dans ses dialogues de pure dialectique , il aurait été frappé,sans doute, des dangers de la dialectique mal appliquée, il aurait été frappé des différences profondes qui sépa- rent Plotin de Platon, il aurait vu avec effroi les abîmes où l'abus de la dialectique précipite l'école d'Alexandrie; et peut-être pre- nant en dégoût Platon et le Platonisme, n'aurait-il pas accompli la tâche que semblait lui avoir réservée la Providence, d'unir le Platonisme avec le dogme.chrétien. Or, avec quelle puissance n'a-t-il pas accompli cette grande tâche ! « Le Christianisme et le Platonisme, dit M. Saisset, une fois unis par ses mains, il a été impossible de les séparer. Même au moyen-âge, quand Aristote est devenu l'oracle des théologiens, le philosophe, comme on disait, quand saint Thomas a entrepris d'imprimer à la théologie chrétienne le cachet du péripatétisme, le fond Platonicien et Augustinien a subsisté. L'esprit du Plato- nisme, comme une flamme mal étouffée, n'a cessé de vivre et de rayonner à travers tout le moyen-âge, jusqu'au jour où Male- branche et Fénelon, Bossuet et Leibnitz, ont repris l'Œuvre de conciliation entre l'idée Platonicienne et l'idée Chrétienne, sous la bannière hautement déployée de saint Augustin. » Examinons maintenant avec M. Saisset les points essentiels de cette union du Platonisme et du Christianisme accomplie par saint Augustin. Le mépris du monde sensible, le rappel de l'à me à elle-même, la marche ascendante de l'âme vers Dieu par les idées et les vérités éternelles, voilà les traits essentiels de la lo- gique platonicienne. Appuyé de saint Jean et de saint Paul, saint Augustin n'a aucune peine à les incorporer dans son chris- tianisme. Avec quelle force et quelle originalité n'oppose-t-il pas la certitude et l'évidence de la conscience et de la réflexion à l'inconsistance et à l'obscurité des sens ? Je puis douter de toutes les choses attestées par les sens, mais comment douter que j'existe, que je connais et que j'aime mon être ?. Et je ne redoute pas ici les arguments des Académiciens; je ne crains pas qu'ils me disent : mais si vous vous trompez ? Si je me trompe, je suis ; car celui qui n'est pas ne peut être trompé, et de cela même que