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LA GAZZKTTE FRANÇOISE. 151 comme un bas de mulet , les cheveux comme une déero- toire, le front (embuscade d'amour), ridé comme un sifflet à caille, comme un gasteau feuilleté, et l'escarcelle d'un faucon nier, les.sourcils troussez comme une lèchifrite, les yeux rians, comme une poulie boulie , entre-baillez comme un estuy de peigne, les oreilles comme deux mitaines, le nez comme un brodequin anté en écusson..., les narilles en as de trèfles... les joues comme deux sabots, les machoueres comme un chanvier à battre le lin, la bouche torte comme un vilain qui renie Dieu... trois larges dents rousselettes pendues en ses pasles gencives, une dessus et deux dessoubs en désordre de batterie, la langue d'une belle ébène faite à manière de gand (1) d'oiseau, le men- ton comme un potiron, le col torticollisant comme un singe qui avalle pillules..., moflue, joflue, fraische, en bon poinct, comme un beau cent de cloux à latte... » Suit un portrait de la jeune veuve avec tout l'attirail des mots mignards inventés par les rénovateurs de la Pléiade et leurs dis- ciples. L'hôtel de Rambouillet fut loin d'atteindre à ce ridicule. Allard, tout en ayant l'air de se délecter dans cette énumération de mots douçâtres et composés de la manière la plus extrava- gante, en fait finement la critique. Le langage précieux était déjà en vogue quelques années avant YAstrée ; le livre de Mar- cellin Allard nous fournit sur ce point de curieuses données. Son Ballet en patois forésien qui ne parut qu'après l'indigeste roman de d'Urfé, est évidemment, ainsi que nous l'avons dit, une satire déguisée de ces nouvelles formes de langage qui régnè- rent pendant quelques années à la cour et dans certaines coteries. Molière et Boileau eurent seuls le pouvoir de les extirper pour deux siècles. Gw DE LAGHYE. (f) Le gant dont se serraient les fauconniers.